Master Pro UTICEF - PROMO 15 - JANVIER 2008
M 342
mediation et mediatisation de contenus educatifs
Tuteur : OM EL KHIR messaoui
ACTIVITE 2
SYNTHESE INDIVIDUELLE ENRICHIE PAR : Mathias Diomaye FAYE
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MEDIATION et MEDIATISATION
a) Quelle est l’origine de ces deux concepts ?
b) Quelles en ont été les évolutions ?
c) Quelles en sont les définitions actuelles ?
d) Quels en sont les domaines d’application respectifs ?
e) Comment peut-on penser leur articulation ?
f) Quelles sont les formes de médiation ?
INTRODUCTION
L’articulation entre la pédagogie et la communication a fait l’objet de travaux théoriques et de recherches parfois expérimentales. De l’objet à la notion de média, de la notion de média au concept de dispositif, les pratiques éducatives recourent de plus en plus à des dispositifs médiatiques. « Différentes recherches psychologiques, pédagogiques, anthropologiques et technologiques n’ont cessé de mettre en évidence l’importance des processus de médiatisation au sein de l’activité humaine qu’il s’agisse de travaux de Cassirer (1972) sur les formes symboliques, de ceux de Piaget sur la naissance du symbole chez l’enfant, de ceux de Leroy-Gouran, de Goody sur l’impact de l’écriture sur nos opérations cognitives de classification et catégorisation, de Jonassen sur les outils cognitifs, de ceux de Lévy sur les technologies intellectuelles, de ceux de Linard et de Duval sur les rapports entre représentations sémiotiques et mentales ou encore ceux de Rabadel sur l’impact cognitif de l’instrumentation et les outils.»
Médiation et médiatisation sont deux concepts fondamentaux de la communication, c'est-à-dire du système par lequel, une information est mise à la disposition d’un public à des fins pédagogiques ou non pédagogiques. Durant cette synthèse nous allons essayer de mettre en relief ces deux concepts en répondant aux questions suivantes :
- quelles sont l’origine et l’évolution de ces deux concepts ?
- quelles en sont les définitions actuelles ?
- quels en sont les domaines d’application respectifs ?
- comment peut-on penser leur articulation ?
- Quelles formes peut prendre la médiation ?
1. Origine et évolution des concepts de médiation et médiatisation
Selon la synthèse de Dan Lamso NOMAOU, dans les années 60 c’était l'ère du multimédia caractérisée par un usage des médias (imprimé, radio, télévision, vidéo). L’avènement de la micro - informatique dans les années 80, a annoncé l'époque d'Internet, des hypermédias et du multimédia. Ceci a permis l’intégration des fonctions de production, d’aide et de soutien ainsi que celles de gestion et d’évaluation.
La pratique médiatique repose sur l’usage d’un certain nombre de technologies modernes connues principalement sous le nom de médias nous dit C. Balisle. Issu du pluriel de Médium, mot d’origine anglo-saxonne, il était déjà utilisé au XVIIème siècle dans un sens similaire à celui d’aujourd’hui. C’est principalement au 20ème siècle que la plupart des travaux sur ces concepts se sont le plus révélés. Francis Balle (1990, médias et sociétés) propose de définir le média comme un équipement technique permettant aux hommes de communiquer l’expression de leur pensée, quelles que soient la forme et la finalité de cette expression. En 1973 déjà Cloutier faisait une distinction entre médias de masse, médias de groupe et self-média. Ces développements sur la racine principale des termes médiation et médiatisation fondent quelque peu l’historique autour de ces concepts. Retenons aussi l’apport stimulant de Marshall McLuhan en 1964 avec la publication de son essai Pour comprendre les médias. C’est lui qui voit le média comme une extension d’une faculté humaine.
C’est en 1920, que pour comprendre en quoi consistait le concept de médiation, Vygotsky, dans son approche psychologique des processus mentaux va donner une place centrale à la médiation. Selon lui la médiation par des outils socio culturels, dont le principal est le langage, change fondamentalement les opérations de pensée qui y sont liées et qui s’appellent aujourd’hui raisonnement, résolution de problèmes, mémoire, attention. Ainsi, le Leroi Gourhan, Norman (1191), Rabardel (1995) ont apporté des contributions intéressantes pour mieux comprendre cette transformation de l’activité humaine par les médias, retraçant quelque peu un historique de la médiation et de la médiatisation.
C’est à travers le concept de communication éducative que tout s’est vraiment développé autour de ces deux concepts.
2. Les définitions actuelles
2.1. La médiation.
La médiation est une relation traduisant l’utilisation d’intermédiaires technologiques dans le processus éducatif. Cette relation est fondamentale dans le processus de formation car permettant à l’apprenant de rester en contact avec un artefact qu’il va instrumenter pour construire ses connaissances, mais aussi et surtout avec le concepteur des contenus de formation. Mais lorsqu’on médiatise la relation entre l’apprenant et le concepteur de contenus la distinction devient difficile entre les deux concepts. En effet « la médiation technologique impose ses contraintes tant aux contenus qu’à l’énonciation elle-même » (Daniel PERAYA)
2.2. La médiatisation
La médiatisation est la mise en forme des contenus pour faciliter leur accès, leur compréhension dans un ensemble cohérent d’une forte ergonomie d’usage. Ainsi, on peut dire que ce qui différencie principalement une plate forme d’une autre c’est surtout à travers le système de médiatisation mis en œuvre. La médiatisation doit tenir compte profondément des aspects psychologiques des utilisateurs et des apprenants. Laurillard (1993) arrive à la conclusion que le processus d’enseignement – apprentissage idéal est un dialogue entre le professeur et l’étudiant et pour que ce dialogue s’installe il faut un cadre, et la conception de cadre constitue la médiatisation. En se référant à la théorie socio-cognitive de A. Bandura, Généviève Lameul appréhende la médiatisation de la relation pédagogique comme une des composantes de l’environnement social de l’enseignant.
En conclusion l’articulation entre médiation et médiatisation repose sur le fait qu’il ne peut y avoir de médiation sans médiatisation. Autrement dit, c’est la présentation qui permet et facilite la relation. C’est pourquoi on peut avancer que c’est à travers ces deux termes qu’il est possible véritablement de faire une comparaison objective entre deux plates formes d’enseignement à distance.
3. Les domaines d’application respectifs
Les domaines d’application identifiés à travers les lectures sont :
- Le domaine de la communication médiatique
- Le domaine de la formation apprentissage (que ce soit en présentiel ou à distance)
- Le domaine artistique et culturel
3.1. La communication médiatique
Elle consiste à produire et éditer des informations. Dans ce domaine, la médiation se fait soit par l’image ou l’écrit et la médiatisation par le papier, la radio, la télévision, le film, l’ordinateur.
3.2. Le domaine de la formation et de l’apprentissage
C’est le domaine d’application qui suscite le plus de débats et de travaux de la part des psychologues, anthropologues et pédagogues. Une application dans un domaine nécessite toujours une grande connaissance du milieu d’application pour minimiser les échecs, mais aussi de l’outil d’application et de la chose à appliquer. Jusqu’à aujourd’hui les recherches dans ce domaine se poursuivent et le développement de la qualité de l’enseignement à distance repose beaucoup sur les produits des travaux attendus.
3.3. Le domaine artistique et culturel
Il va sans dire que tout ce qui touche à l’art s’appuie beaucoup sur la médiatisation et la médiation. Un tableau artistique est une œuvre médiatique de grande portée transmettant un message aux avertis de la chose. L’art est un média et toute œuvre d’art est naturellement médiatisée. La forme de la médiatisation de l’art correspond à la culture des créateurs.
4. Les différentes formes de médiation
Prenant appui sur D. Peraya pour définir la variable "médiatisation de la relation pédagogique", G. LAMEUL en décline les indicateurs en termes de médiation technologique, socio-cognitive, sensori-motrice et sociale.
4.1 La médiation technologique
Elle est la médiation propre à l’outil, à l’objet technique qui prolonge nos actions. Les TIC constituent des artefacts qui tout en permettant à l’homme d’effectuer des actions de contrôle et de transformation de son environnement, déterminent et modèlent les actions qu’ils médiatisent et instrumentent.
Dans le débat entre les partisans des effets de l’artefact et ceux qui pensent que les TIC ne sont que des tuyaux sans incidence sur le message, l’auteur se rallie aux courants de pensée développés par Léontiev et Vygotsky, ou plus récemment la psychologie cognitive, pour lesquels il s’agit toujours d’un « outil cognitif » ou selon l’expression de Pierre Lévy d’une
« Technologie intellectuelle » (1987). Cette dimension de la variable est appréhendée au travers de la description des dispositifs de formation ouverte et à distance observés, en termes de :
- nature et spécificité des outils utilisés,
- choix qui ont présidé à leur sélection ou à leur conception,
- degré d’interactivité (intentionnelle et fonctionnelle),
- modalités d’usage attribué par les concepteurs au sein du dispositif.
Les modalités d’usage réel par les enseignants en formation pourront être appréciées au travers des entretiens et mises en perspective du dernier indicateur.
4.2. La médiation sensori-motrice
Elle est la dimension de la médiation qui selon l’idée de Piaget, Lakoff et Johnson, influe sur la construction de nos concepts et représentations. Si nos concepts s’élaborent à partir de notre insertion corporelle dans le monde et de l’expérience pré- conceptuelle qui en découle, il est permis penser que l’organisation temporelle et spatiale d’un dispositif de formation va influer sur la relation pédagogique et à terme la posture.
Cet indicateur relatif à la médiation sensori-motrice questionne :
- l’organisation du temps dans le dispositif,
- l’organisation de l’espace de travail,
- leurs modalités de gestion : qui décide ?... quelle autonomie laissée à l’apprenant ?… quelle prise d’initiative de sa part sur ces espaces ? De même que pour le précédent indicateur, une comparaison sera faite entre le « prévu » par les formateurs-concepteurs et le « réalisé » en situation concrète par les enseignants en formation.
4.3. La médiation sociale
Elle permet que le processus de validation des significations se fait dans l’interaction sociale. Cette notion fondamentale de médiation sociale prend ses sources chez Piaget, Vigotsky et dans les travaux plus récents de Bronckart (1996) pour lesquels toute fonction sociale correspond à une relation sociale intériorisée. La notion d’interaction semble dépendre de celle de décentration dans la mesure où il n’y a d’interaction que là où il y a décentration possible. Chaque point de vue doit se percevoir comme relatif et se reformuler par la prise en compte d’autres points de vue possibles. Cet indicateur qui vise à cerner ce qui se passe entre formateurs et enseignants en formation, du point de vue de la relation, est opérationnalisé à partir du questionnement des interactions et des modalités de travail collaboratif. Des outils d’analyse empruntés au CUEEP7 permettent de préciser :
- La nature du groupe : communication, information, production, mutualisation, travail collaboratif et/ou formation.
- Le niveau de l’intervention : information, approbation (d’une idée émise sans argumentation), opinion ou argument sur une idée émise (validation, critique ou opposition), émission d’une nouvelle idée, engagement d’une nouvelle action.
- Le rôle des intervenants dans les interactions : émetteur, proposant, acquiesçant, opposant.
- Le niveau de coopération (selon les 4 niveaux de M. Gilly) : co-élaboration avec acquiescement, co-construction, confrontation, confrontation contradictoire.
4. 4. La médiation sémiotique (ou socio-cognitive)
Elle concerne le rapport entre la pensée et ses opérations d’une part et les signes externes – analogiques et digitaux – de la culture, d’autre part. Certains penseurs du cognitivisme pédagogique tels Ausubel et Bruner peuvent, sans doute, être évoqués à ce sujet. Ce rapport ne peut se concevoir qu’en termes systémiques de circularité : la pensée se sémiotise en des signes extérieurs qui en retour ont des influences sur les formes de pensée. Seront dans ce cadre questionnées :
- les modalités de relation au savoir : immédiateté de l’accès, association à sa construction…,
- les représentations du rôle de formateur et de formé,
- les représentations de la relation qui s’établit entre les deux.
BIBLIOGRAPHIE
Pratiques médiatiques 50 mots clés, Claire Belisle, Jean Bianchi, Robert Jourdan éd. CNRS Communication
Communication éducative médiatisée, formation à distance et camus virtuels, Daniel Peraya
Médiation de la relation pédagogique et posture enseignante, Généviève Lameul
De la médiation à la médiatisation des faits scientifiques et techniques : où en est l’analyse du discours ? Sophie MOIRAND CEDISCOR / SYLED, université Paris III-Sorbonne Nouvelle
Internet, un nouveau dispositif de médiation des savoirs et
des comportements ? D. Peraya1 - TECFA, Université de Genève
Médiatisation et médiation pédagogique dans un environnement multimédia Thèse de doctorat - Joseph Rézeau
Le processus de réflexion qui a conduit à cette carte puise ses sources sur le texte ci haut enrichi des travaux réalisés par d’autres apprenants sur le même sujet.
La médiation et la médiatisation sont deux concepts tellement imbriqués dans leur opérationnalisation, qu’il est difficile de les séparer d’où le concept phare « MEDIATION MEDIATISATION ».
Mais pour bien approcher les deux termes il faut connaître ce qui fonde leur originalité et leur évolution, ce qui les différencie et les articule, en quoi peuvent ils être utiles et sous quelles formes. Telle est la déclinaison qu’offre le graphe ci-dessus en présentant les mêmes couleurs pour les mêmes niveaux de signification.